N’oubliez pas votre toiture ! … (Deuxième partie)

Dans un premier article nous vous avons présenté des aspects généraux des toitures, les principaux facteurs qui influencent sa durée de vie, les raisons pour lesquelles il est recommandé d’entretenir son toit et la bonne manière de gérer un dossier de toiture.

Dans cette deuxième partie de notre article nous essayerons de vous présenter chacune des étapes à suivre, du point de vue du propriétaire et de manière simple. Les points qui seront détaillés sont donc :

a. Le dossier de la toiture

b. Inspection de l’état de la toiture

c. Entretien

Commençons donc par le début…

a. Le dossier de la toiture

Afin de vous faciliter la tâche et la recherche, nous avons préparé pour vous une fiche standard à compléter et à insérer au début de votre cartable. Elle comprend des informations générales sur le bâtiment, sa construction, les réparations qui ont été déjà exécutées et les intervenants, actuels et antérieurs. Il est recommandé de colliger ces informations de base pour avoir accès rapidement, en cas d’urgence, à l’historique de la toiture et pour garder une base d’informations commune pour tous les intervenants et les décideurs. Nous avons aussi inclus une table de matières des documents disponibles pour consultation, sous la forme d’une liste à cocher. Ce document représente un vrai guide dans la mise en place d’un document de toiture. Il sera très utile lors d’une inspection effectuée par un professionnel. Ce document sera disponible au Colloque annuel, au kiosque de Consultants Facades Plus. Il nous fera plaisir de vous l’offrir gratuitement.

b. Inspection de l’état de la toiture

L’inspection peut être faite par le propriétaire du bâtiment, mais nous recommandons toutefois de faire appel à un professionnel périodiquement. Le but de cette inspection est de déceler toute anomalie qui ne respecte pas le rythme de dégradation normale d’un matériel ou d’un système afin de prolonger la durée de vie de la toiture. Il sera donc de la responsabilité du professionnel de choisir la méthode d’investigation pour obtenir le résultat attendu. Ceci est la raison pour laquelle nous n’entrerons pas dans des détails sur les méthodes d’investigation.

Si l’inspection est effectuée par le propriétaire, il existe des publications (voir le chapitre « Références ») qui pourraient l’aider à reconnaitre certains symptômes.

Généralement le professionnel remet au propriétaire :

  • Rapport d’analyse de l’état de la toiture
  • Dossier photographies
  • Dessins de localisation des observations
  • Fiches techniques des anomalies
  • Recommandations de réparations échelonnées en temps selon le degré d’urgence
  • Estimation budgétaire des travaux

L’inspection d’une toiture comporte en principe les étapes suivantes :

  • Visite préliminaire et rencontre avec le propriétaire ou son représentant
  • Révision et analyse du dossier de la toiture (voir ci-avant)
  • Inspection visuelle sur place, prise de photos
  • Inspection tactile et ouvertures, si nécessaires, prise de photos
  • Inspection par caméra infrarouge, si nécessaire
  • Analyse des informations
  • Rédaction du rapport final et des documents annexes
  •  

Nous devons toutefois mentionner que l’inspection visuelle effectuée par le professionnel doit couvrir les éléments suivants :

  • Inspection au sol pour examiner des signes d’infiltration d’eau et/ou des fissures
  • Se faire une idée du type de structure du bâtiment et de sa toiture
  • Inspection sommaire (ou consultation d’un rapport de vérification antérieur mais récent = moins de 5 ans) des façades
  • Inspection de la toiture, par circulation de manière systématique sur toute la surface et vérifier tout le périmètre: couverture, solins, équipements sur la toiture et leur étanchéité, attachements, encrages, pentes, etc.

Les symptômes suivants devraient être reconnus et traités selon leur gravité :

A. Symptômes visibles :

  • Symptômes visibles :
    1. Infiltration d’eau ou d’air
    2. Débris sur le toit (suite à la construction, aux réparations ou à des intempéries)
    3. Accumulation d’eau (une période d’accumulation de 48 heures est acceptable)
    4. Écoulement d’eau (surtout si toit vert)
    5. Toute forme de moisissure, liquen, mousse verte ou plante non-désirée
    6. Fissure de la membrane ou de la structure
    7. Perforation de la membrane
    8. Décollement de la membrane
    9. Boursouflure
    10. Ondulation, plis ou ride de la membrane
    11. Manque ou déplacement de la membrane
    12. Usure (en cas d’utilisation massive, si le toit sert de terrasse communautaire)
    13. Affaissement structural du toit
    14. Joint ouvert
    15. Glissement des feutres
    16. Encrage endommagé (déplacé, rouillé, absent, soulevé, déformé, corrodé)
    17. « Peau d’alligator » (si membrane multicouche)
    18. Bardeau d’asphalte soulevé ou vieilli
    19. Solin défectueux (fissure, absence, non-adhérence, usure, retrait de la membrane)
    20. Encrage du contre solin métallique endommagé, absent ou corrodé
    21. Pentes et drains de toit (étanchéité, écoulement de l’eau, nettoyer la cage protectrice du drain, sauf si toit vert)
    22. Évents de plomberie sans capuchon protecteur ou installation non-étanche
    23. Joint de calfeutrage non-correctement installé, déformé ou absent
    24. Étanchéité de tout équipement installé au toit
    25. Cabanon de ventilation (entrée d’air) avec grilles obstruées
    26. Gouttières obstruées par des feuilles ou des objets
  • Méthodes non-destructives pour évaluer l’étanchéité de ma membrane et déceler des anomalies cachées :

Généralement ces techniques sont utilisées par des personnes accréditées pour ce type de travail. Il est recommandable donc de demander les certifications des experts qui se présentent dans le cadre de ce mandat. La méthodologie et les résultats du test d’étanchéité doivent être consignés dans un rapport Nous vous les mentionnons à titre indicatif.

  1. Test d’arrosage ou par inondation, à la condition que la structure et le type de membrane s’y prêtent
  2. Test de détection de fuites par conductivité électrique à bas ou à haut voltage
  3. Test de détection de fuites par relevé vectoriel du champ électrique
  4. Test de détection d’humidité par test d’impédance
  5. Test de détection d’humidité par relevé de thermographie infrarouge.
  • Coupes exploratoires – méthode destructrice

Le professionnel peut exiger des coupes exploratoires pour s’assurer de l’état des matériaux composant la toiture (si multicouche). Il peut aussi en profiter pour remettre au propriétaire une description complète de la composition interne de son toit. Les coupes doivent être faites avec l’accord écrit du propriétaire et en fonction de la garantie offerte par le couvreur.

Nous vous référons deux standards/normes qui encadrent les méthodes pour effectuer ces coupes exploratoires sur la toiture :

  • ASTM D-2928 « Standard Practice for Sampling and ANalysys of Built-Up Roofs»;
  • ASTM D-3617: «Standard Practice for Sampling and Analysis of New Built-Up Roof Membranes»
  •  

c. Entretien

Entretien périodique : En principe le propriétaire d’un bâtiment doit inspecter visuellement son toit au moins deux fois par année, au printemps et à l’automne, et après chaque épisode d’intempérie majeure (tempête de neige, pluie forte, tornade, vent majeur, etc.). Il doit inspecter, prendre des photos datées et rédiger des notes qu’il inclura dans le dossier de la toiture. Ne pas oublier de mettre la date et de le signer.

L’entretien d’un toit comporte trois situations :

  • Entretien régulier
  • Réparation des anomalies ponctuelles
  • Réfection totale par remplacement et recouvrement de la toiture.
  •  

L’entretien régulier comporte des activités que le propriétaire doit poser périodiquement ou suite à une situation climatérique spéciale (intempéries anormales) :

  • Déneigement de la toiture pour enlever la neige et la glace en laissant toutefois une couche de neige de 3-4 po afin de protéger la membrane;
  • Déneigement des joints de dilatation;
  • Nettoyage de la surface afin d’enlever toute saleté, débris, branche, feuille, etc. ;
  • Nettoyage des cages protectrices des drains;
  • Réparations mineures des joints de scellement; 
  • Etc.

Il existe sur le marché des programmes (logiciels) d’entretien et des programmes (logiciels) de gestion. Ces méthodes de gérer les données sont plus faciles, plus efficaces et plus crédibles que le travail effectué par le propriétaire. La différence entre ces deux types de programmes est que le logiciel d’entretien est généralement tenu par le propriétaire tandis que le programme de gestion, qui inclut une partie technique, est généralement tenu par un professionnel. Les deux types de programmes incluent une section de coûts de chaque activité, établis sur une base forfaitaire. Les travaux d’exception et uniques, non-prévus au programme, peuvent être inclus sur une base unitaire (temps et matériel).  Voici quelques références pour ce type d’outil numérique :

Les réparations et la réfection de la toiture n’est pas généralement effectué par le propriétaire. Il devrait faire appel à des professionnels pour obtenir un rapport d’inspection et ensuite débuter un appel d’offres pour trouver l’entrepreneur qui lui convient.

En conclusion : Quand et pourquoi faire appel à un ingénieur ?

Nous vous avons présenté les grandes lignes qui visent l’entretien et la vérification d’une toiture. Vous avez remarqué qu’une parte des tâches peuvent être effectué par le propriétaire lui-même, mais certaines étapes devraient être réalisées par un professionnel, en principe un ingénieur membre de l’Ordre des ingénieurs du Québec. Récapitulons donc les situations dans lesquelles le propriétaire doit faire appel à ce professionnel :

  • Si durant son inspection périodique observe des anomalies graves de la structure, de la membrane ou de tout autre élément composant de la toiture;
  • S’il remarque des accumulations d’eau stagnantes sur le toit, même si les drains sont propres;
  • Idéalement à chaque 5-6 ans demander une vérification approfondie de l’état du toit;
  • Si durant la vérification obligatoire des façades d’un bâtiment de 5 étages et plus le professionnel décèles des problèmes d’infiltration d’eau au niveau des solins ou du parement du toit, il faut faire une vérification de celui-ci aussi;
  • Avant toute décision de réparation majeure ou réfection totale de la toiture.

Nous attendons votre appel !

Références pour les deux articles (en ordre alphabétique)

  1. AMCQ. «Feuille de gestion de dossier de garantie»
  2. AMCQ. « Liste d’items à vérifier lors de l’inspection d’une couverture»
  3. AMCQ. «Manuel d’entretien »
  4. ARC Architecture Québec. . « Roofscape, le toit, épiderme urbain aérien », 171, Mai 2015
  5. Bureau Véritas. . « Couvertures, guide de bonnes pratiques ». Les éditions Le Moniteur, 2013
  6. Ching, Francis D.K., Adams, Cassandra. . « Guide technique et pratique de la construction ». University of Washington, Édition Modulo, 2003
  7. Institute of Roofing, Waterproofing and Building Envelope
  8. Lalonde, Guy. « Toitures – entretien », CONTECH, 2017
  9. Loison, Guy. . « L’Isolation thermique ». Les éditions Rustica, 2011
  10. NRCA. « Repair Manual for Low-Slope  ». www.nrca.net
  11. RBQ. . « Critères techniques visant la construction des toits végétalisés ». Juin 2015
  12. Yuhong, Beijing Oriental Yuhong Waterproof technology Co. Ltd. « Waterproofing Solutions », 2016
  13. Watts, Andrew. . « Modern Construction Envelopes ». Édition Ambra V, 2014
  14. Photos : La Presse, Canal Vie, Guide Perrier et Consultants Facades Plus